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La cigarette électronique remplace-t-elle avantageusement la cigarette traditionnelle ? Un point de vue otologique

La cigarette électronique remplace-t-elle

avantageusement la cigarette traditionnelle ?

Un point de vue otologique

Rédaction en chef : Pr Alexis Bozorg Grayeli, Service ORL, CHU Dijon

et laboratoire CNRS ICMUB, Université Bourgogne Franche-Comté

n° 21 - Mai 2025

ISSN : 2778-1194

ÉDITO

Les cigarettes électroniques (e-cigarettes) sont des appareils

munis d’un réservoir de liquide et d’un système électrique

qui permet de vaporiser un liquide (e-liquide) contenant

en général de la nicotine (1) sans aller jusqu’à la combus-

tion (55 °C maximum). Ces appareils ont été introduits

sur le marché en Chine en 2003, puis aux États-Unis et en

Europe en 2006 (1) avec l’objectif affiché de répondre à des

problèmes de santé posés par le tabagisme conventionnel.

Cependant, une grande prudence est exprimée quant à sa

validation par les autorités de santé. Cette prudence est liée

à la nouveauté, au manque de standards de fabrication et

aux effets adverses rapportés (2).

Les appareils de première génération ressemblaient à des

cigarettes, non rechargeables et jetables. Progressivement,

les systèmes ont gagné en autonomie avec plus de pro-

duit et plus d’énergie rechargeables et sont devenus plus

volumineux. Les appareils de dernière génération, appelés

également des « vaporisateurs personnalisés », permettent

à l’utilisateur d’ajuster les ingrédients, d’offrir une autonomie

et une durée de vie prolongée de la batterie et de limiter la

quantité de vapeur produite.

L’e-liquide contient en général plusieurs composants, dont

la nicotine. La quantité de cette dernière varie entre 0 et

36 mg/ml, et parfois plus (1). Aujourd’hui, les procédures de

fabrication ne suivent pas un standard rigoureux et la quan-

tité de nicotine mesurée est parfois très diff érente de celle

indiquée au consommateur, allant à plus de 80 mg/ml. Ces

écarts peuvent même concerner les e-liquides annoncés sans

nicotine dans lesquels on détecte des quantités significa-

tives (3). Dans ce liquide, le propylène glycol et le glycérol

jouent le rôle d’humectant. Des parfums (plus de 7 000 dif-

férents comprenant ceux de fruits, de bonbons, d’alcools,

de sodas etc.) sont également présents. Moins connus des

utilisateurs, des composés potentiellement dangereux

comme des métaux (nickel, plomb, chrome, zinc), arsenic,

éthylène glycol, composés organiques volatiles ainsi que

des nitrosamines spécifiques de tabac sont détectés dans

les vapeurs d’e-liquide (1, 4). À cette liste s’ajoutent des

bio-contaminants (bactéries dans 23 %, et champignons

dans 81 % des échantillons testés aux États-Unis) (5) ainsi que

des substances illicites (cannabis, acétate de vitamine E) (6).

En France, la lente diminution de la consommation de

tabac traditionnel, passant de 28 à 24,5 % des adultes

de 18-75 ans entre 2014 et 2022, s’accompagne d’une

LE MONDE

DE L’OTOLOGIE

© Andrey Popov-AdobeStock

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